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PARCOURS
Rodolf Hervé fait partie de ces artistes qui, pour paraphraser Bergson, appartiennent à l'avenir.
Libre de toute contrainte et tout entier tourné vers une incarnation de la pensée en action, cette manière d'aborder la représentation du visible rend Rodolf Hervé d'une modernité étonnante et paraît éclaircir d'un œil nouveau tout un pan de la photographie de ces dix dernières années.
À la fois hallucinatoire, surréalisante et conceptuelle, cette œuvre m'apparaît prémonitoire de l'ensemble des problématiques de la photographie contemporaine. Car aujourd'hui, la photographie subit une mutation sans précédent. (…) À la relecture des photographies de Rodolf Hervé, nous ressentons quasi physiquement cette urgence d'éprouver, de provoquer des sensations, d'expérimenter la vie sous tous ses aspects.
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Stéphane Couturier
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Chez Rodolf Hervé, le personnage et l'œuvre sont intimement liés. Violence infinie et tendresse infinie. Œuvre étonnamment construite, œuvre étonnamment brisée. Œuvre singulière qui ne saurait être rattachée à aucune autre. De par sa culture, à la fois homme des Lumières et figure marquante de l'underground, fasciné par le Surréalisme et par le Constructivisme.
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Olivier Beer
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Repères biographiques
Rodolf Hervé est né le 2 mai 1957 à Paris.
Il commence à photographier très jeune et n'avait que dix-neuf ans lorsque sa première exposition significative est présentée à Paris en 1976 dans les locaux de l'Olympique Entrepôt, Frédéric Mitterrand y organise une exposition de ses photographies abstraites.
À la fin de ses études, il travaille dans une imprimerie et pour la revue internationale d'architecture intitulée « Le Carré Bleu » comme metteur en page.
En 1989, lors du centenaire de la construction de la tour Eiffel, sa série de photographies du monument est publiée dans un portfolio.
Il quitte Paris en 1990 pour s'installer en Hongrie où la même année, il présente une exposition individuelle au Musée Vasarely de Budapest.
Il devient rapidement l'un des personnages dominants de l'underground hongrois. Ses performances visuelles et musicales présentées dans les lieux phares de l'underground des années 90 de Budapest entre autres avec le groupe « Résonances » (1990) restent des événements mémorables.
En 1991, il est membre fondateur du groupe d'action appelé « Nulladik kilóméter » (kilomètre zéro).
Artiste à multiples facettes, il créée des oeuvres remarquables dans différents domaines de l'art visuel (photographie, vidéo, collage, électrographie).
Son œuvre graphique est aussi significative. La création de nombreuses affiches : l'exposition parisienne de Burle Marx, l'exposition Mail Art Internationale au Musée Kassák de Budapest, pour la Radio Tilos (station de radio pirate à l'époque), etc. Un calendrier composé avec ses oeuvres électrographiques, est édité en 1993. Ses photographies, ses écrits sont publiés dans de nombreux périodiques en Hongrie : Árnyékkötők, Laza lapok, Magyar Műhely, Fotó, Fotóművészet, Nagyvilág, Pompej. Il jouait également dans des groupes de rock et de jazz.
Sa carrière s'est brisée après une longue maladie – le 13 octobre 2000.
En 2004, à l'initiative de Judith et Lucien Hervé, un prix photographique a été créé, en sa mémoire.
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